Lettre aux élus et institutions (16 déc 20)
Voilà une copie de la lettre que nous adressons à Tony Di Martino, Maire de Bagnolet, Olivier Taravella, Président du groupe Socialistes, Société civile et Républicains, Jean-Claude Oliva, Président du groupe écolos solidaires, et à Edouard Denouel, Président du groupe Bagnolet en commun. Nous reprenons ici les signataires, et le titre cité de chacun d’entre eux, d’un courrier adressé par voie postale à des habitants de Bagnolet et qui suscite chez nous, à minima, des interrogations quant à l’avenir de la Bergerie des Malassis à Bagnolet.
Monsieur Le Maire, Monsieur Taravella, Monsieur Oliva, Monsieur Denouel,
Vous avez été élus avec comme mots d’ordres “l’écologie et la solidarité”. Une partie de vos engagements de campagne avaient trait à la conservation sur son site historique de La Bergerie des Malassis grâce à l’annulation définitive du projet immobilier de construction de deux immeubles de sept étages de logements privés en lieu et place de l’actuelle petite et douce école Pêche d’Or.
En date du 27 novembre, vous avez adressé un courrier à des habitants de la ville, au sujet de la réalisation du projet de reconstruction de l’école Pêche d’Or. Ce sont les habitants eux mêmes qui nous ont apporté ce courrier. Nous n’avons été prévenus par aucune voie officielle de ce courrier et de votre projet. Encore une fois.
Nous nous réjouissons que le projet immobilier de construction de deux bâtiments de logements privés soit définitivement abandonné. Si cet abandon faisait partie de vos engagements de campagne, c’est grâce à la mobilisation citoyenne que la Bergerie a lancé. C’est aussi, parce que notre engagement associatif social, respectueux du vivant, et tourné vers un avenir meilleur à travers nos projets pédagogiques de fond, a rencontré le ras le bol des habitants du quartier. Après des années de travaux dantesques dans le cadre de la rénovation urbaine, tout à chacun, a compris que nous n’étions pas égaux, face à la densification urbaine, et que les quartiers populaires, méritaient mieux qu’un défoulement de béton, et de mauvais projets, conduits par des aménageurs qui se soucient peu de l’histoire des lieux et de leurs habitants.
Vous regrettez dans votre courrier, la perte “d’une recette de deux millions d’euros”, du fait que le terrain de l’école et de la Bergerie ne soit pas vendu au promoteur. Nous considérons de notre point de vue, que les terrains municipaux ne sont pas des marchandises qui doivent être dilapidées, qu’ils sont au contraire un bien commun, propriété de personne, et qu’ils doivent aujourd’hui être préservés de la privatisation, à l’heure où les espaces publics ou collectifs fondent comme peau de chagrin. La résorption de la dette de la ville est une affaire de long cours et donc de choix sereins et de qualité.
Vous avez donc “un projet ambitieux” ? Nous aimerions le connaître, puisque tout cela, vous n’y auriez pas pensez sans ce rêve que nous faisons vivre et que nous partageons depuis une dizaine d’années.
Notre association fait elle partie de votre projet ? Elle n’est nulle part citée dans votre courrier. La Bergerie va-t-elle être détruite s’il se réalise ? Nous savons de bonne source que vous prévoyez de reconstruire une école maternelle géante et d’ouvrir trente berceaux de crèche précisément où se trouve le terrain de la Bergerie, des animaux et du logement de fonction de la gardienne de l’actuelle petite école, alors que l’annulation de la construction des deux bâtiments permet de reconstruire l’école et la crèche sur un autre espace, moins arboré par ailleurs.
Combien d’abattage d’arbres votre projet prévoit-il ? Votre courrier stipule qu’il “permettra de préserver au maximum les arbres de la parcelle ». Savez vous que sur le terrain de la Bergerie et des animaux, où sont a priori prévus vos travaux, se trouvent une trentaine d’arbres fruitiers et ornementaux?
Plus largement, nous interrogeons votre conception de l’écologie, de la solidarité et de l’éducation. Depuis dix ans, une petite ferme, fait le bonheur des enfants du quartier, accueille gratuitement et quotidiennement des familles, quiconque, organise des ateliers de jardinage, de construction, de découverte des animaux d’élevage, et des événements artistiques pour tous. Depuis tout ce temps, nous travaillons avec des écoles du quartier, des associations qui accueillent des enfants et des jeunes porteurs de handicap, des jeunes mineurs sans papiers, des Rroms. Toute la Bergerie, tous ses paysages sont fabriqués et soignés avec eux, habitants et partenaires. La bergerie et les terrains que nous avons en gestion abrite une biodiversité unique à cette échelle dans la ville. Il faudrait une dizaine d’années à nouveau pour la reconstituer. Est ce que vous vous préparez vraiment à détruire tout cela ? Est ce pour cela que vous avez été élus?
Nous pouvons encore nous saisir ensemble, de ces questions, et vous faire profiter de notre expérience de terrain. L’écologie n’est pas un gadget ni un slogan, c’est un savoir faire et un savoir être. L’écologie ce n’est pas des légumes dans un rectangle en bois, c’est un rapport à l’Autre, humain et non humain, qui se traduit en ville par des paysages riches d’apprentissages et de convivialité. C’est ce qui se passe si formidablement bien depuis longtemps à la Bergerie des Malassis. Sa destruction serait une terrible erreur, et un mauvais signal à notre époque qui exige de vous élus, d’exercer au mieux les responsabilités qui vous sont assignées par les citoyens.
Nous espérons très prochainement avoir une réponse claire à nos craintes, pour pouvoir continuer à exercer sereinement nos activités à Bagnolet.
Merci pour votre attention,
L’association Sors de Terre
